Antonio Marchesano et YS renouent avec le championnat ce week-end, après un week-end de pause en raison de la trêve internationale. Le milieu offensif de 34 ans, arrivé il y a deux mois au Stade municipal, est, comme son équipe, dans une excellente dynamique avec déjà quatre buts inscrits en huit matchs. Cette semaine, nous sommes allés à sa rencontre pour en connaître davantage sur son état d’esprit et sur ce qui l’anime. 

Yverdon Sport : Antonio, première question : comment tu te sens ? Es-tu un footballeur heureux ?

AM : Je crois bien, oui ! Je suis content en tout cas. Il faut dire que les derniers résultats aident aussi. L’ambiance est bonne, pourvu que ça dure !

YS : Le plaisir semble en effet t’accompagner au quotidien jusqu’à présent, à te voir tous les jours, à l’entraînement ou en match.

AM : Oui, mais le plaisir, je l’ai personnellement quasiment toujours eu. En revanche, le plaisir de s’entraîner, de travailler dur, ça c’est encore autre chose. Je dois dire que la charge est assez importante ici sur certaines séances, dans cette méthodologie, et étonnement j’en tire un certain plaisir. Je sens que j’en ai besoin, je sens que mon corps réagit bien aussi. Et ça se traduit ensuite par des bonnes sensations sur le terrain.

YS : Antonio Marchesano, c’est un footballeur qui incarne la stabilité, avec ses huit saisons et demi au FC Zürich. Tout est ensuite allé très vite, avec ce transfert à YS alors que le deuxième tour venait de reprendre. Le tout avec des statistiques assez épatantes : quatre buts et trois passes décisives en huit matchs. Quelle est la recette de ces débuts réussis, dans un contexte émotionnel pourtant pas facile à gérer ?

AM : Pour être honnête, j’ai simplement essayé de ne pas trop penser, de ne pas trop réfléchir. Tout est allé très vite, je n’ai pas cherché à faire de projections, je me suis laissé emporter. Et puis les résultats ont facilité mon intégration. Une victoire dans le football engendre tellement de conséquences positives. Les séances qui suivent se font dans un meilleur climat, chacun peut évoluer de manière plus libérée. Mais attention, ça peut aller vite dans les deux sens.

YS : Avais-tu besoin aussi, peut-être, de repartir de zéro, dans un nouveau projet, après autant d’années dans une même structure ?

AM : Au FC Zürich, j’étais un peu dans une zone de confort, même si je jouais moins sur la fin. Je connaissais tout le monde. Ici, ce n’était pas le cas, je devais à nouveau prouver, montrer mes qualités. J’ai dû ressortir le bleu de travail, et j’ai au fond de moi cette agréable sensation de me dire que je dois chaque jour montrer qui je suis, ce que je vaux. Mais il était important également de réussir mon intégration dans l’équipe. Je crois fermement que ce sont les prestations collectives qui vont faire ressortir les individualités, et pas l’inverse.

YS : As-tu un exemple en tête ?

AM : Si l’équipe performe, alors tout le monde va en profiter. À Servette, on réalise un match plein, dans tous les secteurs du jeu. Contre Winterthur et Lucerne, juste avant, les performances ont été très bonnes aussi. Moussa Baradji inscrit un but dans chacun de ces matchs, Mateusz Legowski se montre très solide, Marley Aké est souvent décisif… Tout le monde grandit avec ces performances collectives.

YS : Il y a eu une grosse part émotionnelle aussi ces derniers matchs, avec de nombreux retournements de situation.

AM : Oui, et cela montre notre caractère, cela montre qu’il faudra compter sur nous en tout temps, jusqu’à la fin.

YS : Comment qualifies-tu cette équipe d’Yverdon Sport ? Quel est son trait de caractère, sa force ?

AM : C’est difficile à dire, mais j’ai l’impression que cette équipe a plus de qualités qu’elle peut le penser, que les gens peuvent le penser. On doit encore prendre conscience de certaines forces, mais ce n’est pas plus mal non plus d’un côté, cela évite tout excès de confiance. On est très solides à la maison, très bon défensivement. Et si on arrive à enchaîner à l’extérieur, désormais, alors on peut se montrer optimistes pour la suite.

YS : En arrivant ici, tu nous avais avoué ne pas connaître personnellement beaucoup de joueurs de l’effectif. Qu’en est-il aujourd’hui, deux mois après ?

AM : Je m’entends bien avec tout le monde, mais c’est vrai que je suis régulièrement avec Varol Tasar. On s’est énormément croisé sur les terrains par le passé, et j’ai l’impression qu’on améliore chaque semaine notre connexion. Il revient d’une longue et difficile blessure, mais quand je vois ses prestations grimper à chaque match… Et j’ai l’impression qu’il peut encore aller chercher un niveau supérieur. C’est quelqu’un qui apporte énormément à l’équipe, et qui va continuer à le faire.

YS : À te voir quotidiennement à Yverdon, dans le vestiaire ou à l’entraînement, tu sembles avoir trouvé un environnement épanouissant pour toi, pourtant bien différent de ce que tu as connu par le passé. D’un point de vue personnel, quelles sont tes premières impressions sur l’équipe et sur le club ?

AM : Bien sûr, tout n’est pas parfait, tu l’as dit. J’ai par exemple connu de meilleurs terrains d’entraînement. Mais on s’adapte, et on a tout de même de quoi performer, avec des petits-déjeuners tous les matins, la possibilité de manger au restaurant après l’entraînement. La salle de musculation n’est pas très éloignée non plus.

YS : Revenons à l’actualité d’Yverdon Sport. Samedi, c’est un nouveau match important qui nous attend, à Tourbillon. Sais-tu à combien de reprises tu as affronté le FC Sion jusqu’à présent dans ta carrière ?

AM : Non, je ne sais pas. Mais pas mal de fois, j’imagine.

YS : Tu as affronté le FC Sion à 20 reprises.

AM : Déjà ? C’est pas mal en effet.

YS : Et sais-tu la dernière fois qu’Yverdon Sport est allé battre le FC Sion ? Sachant que, durant près de 20 ans, les deux équipes n’ont jamais évolué dans la même catégorie de jeu.

AM : Hm, non, dis-moi.

YS :  Le 16 mai 2004. 

AM : Alors c’est le moment de renouer avec la victoire je crois !

YS : Le FC Sion, c’est 12 points obtenus depuis le début de l’année, en dix matchs. Quel regard portes-tu sur cette équipe ?

AM : Je ne connais pour l’instant pas très bien cette équipe, je la regarde parfois à la télé. Ce que je peux dire, c’est que le match devrait être différent de celui face à Servette. Le contexte ne sera pas le même ; Servette s’était pas mal livré contre nous. Samedi, nous serons peut-être amenés à devoir faire un peu plus le jeu. À nous de nous adapter.

YS : De notre côté, on reste sur une belle série de sept points en trois matchs, dont une belle victoire à l’extérieur. On tourne la question dans l’autre sens : quel regard porter sur notre équipe ?

AM : Après un enchaînement difficile, et ces deux lourdes défaites à YB et à Lausanne, on a bien réagi. Mais je n’étais pas spécialement inquiet ; l’équipe travaillait bien, allait déjà dans la bonne direction. Réagir après cette semaine délicate, c’était aussi une marque de caractère. Maintenant, il faut continuer, chercher à toujours faire un peu plus, faire un peu mieux.

YS : Quel est ton moteur dans le métier de footballeur ? Qu’est-ce qui te pousse, à 34 ans, à relever un nouveau défi et à t’arracher encore et toujours sur chaque ballon ? Où trouve-t-on toute cette énergie ?

AM : Bon, déjà, sur le terrain, j’ai toujours été un joueur qui courrait beaucoup. C’est peut-être ma position sur le terrain qui le veut. Mais c’est aussi une question de sensation. Si je me sens bien dans mes bottes, bien dans ma vie, bien dans une équipe, alors j’ai de bonnes raisons d’être en forme sur le terrain. Mais il y aussi des conditions à respecter en-dehors. Je sais pertinemment que le repos est primordial. Surtout à mon âge.

YS : En-dehors du football, as-tu trouvé un équilibre ici ? Comment occupes-tu ton temps libre ?

AM : Je dois encore trouver une petite routine. Ma femme est mes deux enfants sont à Zürich, nous nous voyons donc moins qu’auparavant. Cela me permet de mettre encore davantage d’énergie dans mon quotidien de footballeur, mais d’un autre côté, parfois, je ressens ce manque. Alors des fois j’effectue le trajet, où eux viennent me rendre visite ici à Yverdon.